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Dans la disruption

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Dans la disruption

Comment ne pas devenir fou ?

LLL,

15 minutes de lecture
10 points à retenir
Texte disponible

Aperçu

La disruption sonne-t-elle le glas de notre société ?


Classement éditorial

7

Caractéristiques

  • Analytique
  • Niveau Expert

Commentaires

‘Comment ne pas devenir fou lorsque le devenir paraît ne plus porter aucun avenir, en sorte que le monde paraît n’avoir plus aucun sens ?’ Cette interrogation résume en substance la réflexion que porte Bernard Stiegler, philosophe et chercheur, sur l’innovation radicale ou la disruption. Pour l’auteur, la société digitale disruptive dans laquelle nous vivons aujourd’hui a contribué à anéantir les protentions collectives positives qui nous permettaient de nous projeter au-delà de notre propre fin. Les algorithmes de cette société réticulaire ou computationnelle n’ont d’autre objectif que de court-circuiter les systèmes sociaux existants et de substituer aux protentions positives des protentions générées de manière automatique. Cette disruption dans les ‘systèmes moraux’ et dans les modes traditionnels de transmission des connaissances a engendré une génération perdue, celle de Florian, hantée par la ‘perte du sentiment d’exister’ et vivant dans une époque caractérisée par ‘l’absence d’époque’. Profondément pessimiste quant à l’avenir de notre société (peut-être à juste titre ?), cette réflexion philosophique nous invite avant tout à prendre conscience de notre impuissance face à un monde qui va de plus en plus en vite et dans lequel nous ne maîtrisons plus notre devenir. Si la densité théorique de cet essai nécessite quelques connaissances préalables ou, pour le moins, une bonne connaissance de la terminologie philosophique, getAbstract recommande néanmoins sa lecture à tous ceux qui sont convaincus que ‘la réalité de la disruption, c’est la perte de la raison’.

Résumé

Le désespoir de Florian ou le drame d’une génération perdue

Florian est un jeune homme de quinze ans dont le témoignage nous éclaire sur les états d’âme et les pensées de toute une génération de jeunes gens. Pour Florian, la génération dont il est issu est une génération déchue et en perte de repères, pour qui les idéaux défendus par la génération précédente sont obsolètes. La génération de Florian ne rêve pas de fonder une famille ou d’exercer un métier car elle ne parvient pas à se projeter dans l’avenir, convaincue qu’elle est d’être ‘une des dernières générations avant la fin’. Cette ‘perte du sentiment d’exister’ qui hante les jeunes de son âge, la protention ‘négative’ qui les habite, engendre une vision du monde profondément pessimiste, car elle annonce à terme la disparition de l’humanité entière.

La génération à laquelle appartient Florian est ‘frappée par la désindividuation collective’, laquelle s’exprime par la vacuité de la notion de ‘raison de vivre’ et par extension, une perte de la notion de valeur de la vie. Aussi, cette génération est, plus que toute autre, sujette à la mort par suicide et dénombre dix mille victimes par année (ou ‘suicides réussis...

À propos de l’auteur

Philosophe français, Bernard Stiegler s’intéresse aux enjeux des mutations sociales, politiques, économiques et psychologiques actuelles ainsi qu’à ceux des technologies numériques. Fondateur et président du groupe de réflexion philosophique Ars industrialis créé en 2005, il dirige également l’Institut de recherche et d’innovation (IRI) au sein du centre Pompidou.


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